vendredi 28 mai 2010

"La faculté de sauter à la vitesse de la lumière d'un état possible de son âme à un autre." / Edwin Starr - Contact

J'aime comment Iris Hanika dans son Une fois deux s'attache à nous raconter la rencontre amoureuse sous l'angle du ressenti, se focalisant sur l'un puis sur l'autre avec cette progression des sentiments si différente chez les deux sexes. Ah la la, les hommes - terre à terre -, les femmes - dans les nuages - ...

La première rencontre :

Il s'assit sur l'un des tabourets en bois laqué rouge du comptoir, commanda sa première bière au serveur et s'appliqua à la vider d'un trait à grandes goulées. Son verre fini, il en commanda sur-le-champs un deuxième qu'il but un peu moins vite mais tout aussi consciencieusement jusqu'à la dernière goutte. (...) Puis Thomas alla aux W.-C.; à son retour Senta se tenait à côté de son tabouret. Tout simplement là. Tout à coup, cette femme. Il ne comprit pas immédiatement et resta immobile à mi-chemin pour reprendre ses esprits. Déjà une hallucination? Après seulement deux bières ? Malgré la chaleur ambiante, il était loin d'être assez beurré pour voir des choses qui n'étaient pas là. (...)
Non qu'il ait correspondu à son type d'homme ni qu'elle l'ait trouvé particulièrement attirant, dans son imagination les choses ne se passaient pas ainsi. Simplement, lorsqu'elle avait pensé à l'homme qu'elle aimerait un jour, elle avait toujours eu cette image-là sous les yeux.
Et il s'était fait chair.
On en était donc arrivé là.
L'amour pouvait commencer. (...)
Et puisqu'elle le connaissait, ne serait-ce qu'extérieurement, et qu'en même temps il lui semblait étranger, elle le fixait résolument d'un regard dénué de séduction ou de la moindre minauderie, plutôt l'air idiot, gaga, les yeux en boules de loto, plantée là telle une attardée devant sa télé, incapable de lever les yeux du petit écran. Tout ça n'avait duré qu'un bref instant - mais le temps intérieur prend une toute autre dimension -, et lorsque Senta le vit, le temps se figea au milieu de la pièce, comme Thomas, à environ trois mètres d'elle, très calme juste en face. Il ne dit rien, il la regarda simplement et se laissa scruter comme elle se laissa elle-même dévisager. (...)
Ils avaient tissé ici et là tant de petits fils avec leurs regards que ce n'était plus du filin entre eux, mais plutôt une corde, métallique de surcroît. Ce câble, ils le laissèrent pendre, il s'enroula par terre, et Senta craignit de le piétiner ou de trébucher dessus tandis que Thomas l'aurait volontiers repris et tendu à nouveau pour que Senta soit quasiment tractée vers lui par la force des choses comme s'il n'y était pour rien ( elle le tira à demi vers elle, il coula à demi vers elle, ce genre de tour de passe-passe).

Iris Hanika / Une fois deux - Les Allusifs mai 2009

mardi 25 mai 2010

Un dimanche en ville.

suddenly i want you
suddenly i need you
voilà partie à écrire ce dimanche en ville et rester bloquée à l'écoute de cette chanson qui passe à la radio, no matter, et ce mix, share the night, impossible de se concentrer, envie d'envoyer tout balader, sure shot maintenant, écouter et croire que toutes ces paroles ne sont que pour moi
de toute façon ça aurait été pour écrire une fin d'après-midi d'adolescents attardés, à squatter la maison des parents partis, sortir les canapés dans le jardin, rire et fou-rire avec le frère et les soeurs tout en sirotant un peu, beaucoup en fait jusqu'à ce que l'alcool ait cet effet si particulier sur moi, rire pour rien, ils attendent toujours ce moment pour se payer ma tête...you, you are my melody, barbecuter, boire - ceci est une pub pour la triple karmeliet, hum - et rire toujours jusqu'à la nuit et rejoindre cette musique de jazz-guinguette au loin, des guirlandes colorées, une scène, des gens qui dansent, mon frère qui me fait tourner, il danse bien et rit bien mon frère, je suis bien là avec eux, je voudrais dire que je les aime mais je me tais, baby be mine que c'est bon ça, ça doit être sensuel à danser, je n'ai que des idées déraisonnables en ce moment... ;) say you'll be mine, quel mix !!! he's got me hot, c'est pas peu dire, déraisonnable je vous dis. I'm crazyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy !

mercredi 19 mai 2010

Mauvais rêve. But / Night cruising - The Bar Kays

Réveillée peu avant 4h par des déflagrations lointaines, là-bas dans l'autre quartier, un/une /des s'étaient amusés à foutre le feu à une bagnole. Comme des coups de feu, les pneus explosaient tour à tour laissant échapper une épaisse une colonne de fumée noire. Spectacle déjà vécu, les pompiers, les curieux et ma bagnole léchée par les flammes de celle à côté qui se consumait. Déjà vu. Déjà blasée. Alors j'ai repris le sommeil en marche pour me réveiller 2 h plus tard la tête comprimée de + en + contre le toit d'une voiture et tandis que j'allais me transformer en compression de César, les Gap Band dansaient et chantaient tout à côté leur tonitruant Party train. Je me suis demandée pourquoi ils se payaient ma tête à se dandiner comme ça pendant que je suffoquais ? All aboard ! Et je me suis réveillée.

dimanche 16 mai 2010

"Merci monsieur. Ce ne fut pas seulement un vrai plaisir, mais aussi un privilège."/ Feels good. Cliquez là. J'aime sa variation autour d'Here's a

kiss des Portrait, au tout début du morceau.

J'étais là devant mes poêles et casseroles, en plein coup de feu, agiter d'un côté, touiller de l'autre, les jambes en position jogging au rythme de la musique funky, bien énergique, et là je le revois dans le même état d'effervescence, la même posture, les mêmes pas de jogging dans son coup de feu radiophonique.

C'est dingue comme cette musique peut prendre aux tripes et confiner au sublime émotionnel lorsqu'elle est servie sur un plateau d'argent. Mais ce savoir-faire, c'est l'apanage des seuls grands. Finalement ils sont très peu d'animateurs à atteindre ce degré d'excellence.

Qu'est-ce qui distingue un très bon animteur d'un assez bon? Facile ! et mon avis est totalement subjectif, c'est l'émotion qu'il procure et uniquement ça.
Et pour que l'alchimie opère, 3 critères entrent en jeu. J'avais remarqué ça chez mon chouchou n°1, 20 ans après, même sur un son de K7 pourri, l' émotion est toujours intacte, le même plaisir toujours aussi intense.

1. Une programmation béton surfant entre les incontournables classiques et les pépites, pas forcément de collection, à l'uppercut imprévisible et costaud.

2. La voix et la personnalité de l'animateur. Ca tombe sous le sens et ça peut paraître très injuste mais un animateur avec une voix de canard (ça existe, j'ai des k7) c'est comme un mannequin difforme sur un podium, ça coince. C'est vraiment important la voix. C'est le seul lien physique entre l'animateur et l'auditeur. C'est grâce à sa voix qu'on va se laisser embarquer dans le trip de l'animateur, qu'on va adhérer en quelque sorte à son show. En fait, un très bon animateur me fait un peu penser à un charmeur de serpents. Bref, il sait subjuguer son auditoire ! et si en + il a des qualités humaines et pas la grosse tête, ça décuple encore plus son aura... peu importe les cafouillages ou les p'tits râtés, la patte maison aura toujours plus de saveur qu'un truc parfait mais froid et impersonnel.

3. La cerise sur le gâteau : les compétences techniques. Juste ce qu'il faut. Mais, avouez, un bon mix, c'est pas l'extase ?!!


Je dédie cet article à tous ces très bons animateurs et tout particulièrement à celui qui a eu la gentillesse de m'inviter dernièrement à observer le déroulement de son émission. Vraiment, revivre une émotion que je n'avais plus goûtée depuis tant d'années, c'était un très beau cadeau. J'ai mis du temps à redescendre de mon petit nuage.

Merci. Merci. Merci.



mercredi 12 mai 2010

Si loin de vous [ Nina Revoyr / Phébus ]

Les premières années, il n'y avait ni scénario ni dialogue au sens où on l'entend de nos jours. les scénaristes écrivaient de vagues scripts de tournage pour indiquer les mouvements et les expressions que devaient adopter les personnages et il appartenait au réalisateur d'extrapoler à partir de cette base brute. Parfois, cependant, les synopsis étaient encore plus sommaires. Le Robin des Bois de Douglas Fairbanks fut tourné à partir d'une simple esquisse d'intrigue qui tenait sur une seule page; Charlie Chaplin et Buster Keaton travaillaient carrément sans scénario. (...) A la fin des années 10 et au début des années 20, le tournage des films était l'oeuvre de passionnés, une forme d'art naissante que les créateurs prenaient au sérieux. Et si nos films nous valaient renommée et adulation du public, ce n'était qu'une conséquence de nos efforts et non le but poursuivi. Mais dans le Hollywood d'aujourd'hui, où les gens sont trop attirés par l'éclat et le prestige, l'art de réaliser un long-métrage devient secondaire face à la perspective bien plus séduisante d'obtenir richesse et célébrité.

Et aujourd'hui ça parade à Cannes. Et comme je m'en tape.
Ce que j'aime et comme je déteste à la fois de me faire des films.
Anita Baker passe en boucle. Ce qu'elle est belle cette chanson. Feel the need. Et comme les paroles me parlent. You've got to feel the need in me. So alone i feel at times wondering if you're truly mine. Can't you see the tears falling from my eyes. My heart seems to bleed when i feel the need. (...) When you're around you make me feel so good. All of my worries are far away. Et puisque je n'en suis plus à un violon près, je rajoute Le How do i know de Howard Hewett. Et le Stay Faithful de Lynden david Hall. C'est tout mon carnet de réf. qui va y passer.

lundi 10 mai 2010

Bêtes de somme pour faire rire la galerie / Mammuth

Les premières images montrent l'équarissage de carcasses de porcs. Je pense inévitablement à mon père qui a consacré ses 20 dernières années de vie de travailleur à faire ce putain de boulot dans les usines belges, levé à 4h du mat, rentré à 18h pour finir par s'endormir devant sa télé. Qui rêverait d'une vie pareille ? En tout cas ces vies-là ont inspiré Delépine et Kervern, soit, ils ont ( un peu ) forcé le trait, instillé leur humour grolandais comme ils savent bien le faire et failli par moment dans le scénario mais on s'en fout. Pour une fois on avait pas sous les yeux des histoires de bourgeoises qui s'ennuient, d'avocats infidèles ou de patrons véreux comme si les histoires au ciné ne pouvaient que faire la part belle aux classes sup. Je ne sais pas si le duo de réalisateurs a vraiment l'humour méchant et pense que tous les ouvriers sont un peu con-cons sur les bords, j'ai ressenti dans tout ça de la justesse et de la tendresse. Peut-être mon côté naïf. Et puis j'ai ri comme jamais je n'avais ri, à la 2è scène, on voit tous ces bonhommes habillés comme papa l'était avec leurs protège-cheveux bleu que maman piquait quand elle nous préparait des frites, à les voir manger leurs chips en silence pendant que le chef à l'élocution pas nette faisait son discours d'adieu au Serge Pilardosse nouveau retraité j'ai piqué un fou-rire de 20' à en avoir mal au bide à cause des images suivantes...
Y'avait 10 personnes dans la salle et ça mouftait pas ou très peu.

Je comprends que des mecs issus de la classe moyenne pondent des critiques faites pour les bobos et cassent à tout va ce genre de cinéma, je comprends mais ce que ça m'énerve cette suffisance. > http://www.chronicart.com/cinema/chronique.php?id=11721