lundi 16 novembre 2009

"ooh what am i supposed to do..."

Comment se rendre ridicule ? Comment faire la fête sans avoir bu une seule goutte d'alcool ? Comment danser sans des pieds de plomb ? Comment apprécier le plus grand Live Band Funk de cette décennie qui t'est pourtant inconnu ?

Putain de merde ! Il y avait tout pour que tu te lâches. L'anonymat sous ta perruque de blondasse à longs cheveux. La bonne humeur du jeune public ( à presque 40 balais tu te prends quand même un sacré un coup de rateau dans la tronche - déjà vieille ! ) à poireauter de longs quart d'heure pour choper une entrée à la boogie night à côté du grilleur puant de maquereaux en vareuse jaune, du grilleur de maquereaux puants en vareuse jaune, du grilleur de maquereaux en vareuse jaune puant, du grilleur de vareuse puante en maquereaux jaune. Pour un peu la bonne ambiance sous la pluie fine était presque meilleure que celle à l'intérieur. Les jeunes faisaient des réflexions cyniques, ils étaient bruyants, alcoolisés, très même sinon comment auraient-ils pu oser arborer de grosses coiffures afro ou des tenues 70's rouflaquettes comprises, certains sympathiques sous leurs airs peace & love à distribuer maquereaux et marrons grillés, d'autres connards sous leurs airs juste je me renseigne mais en fait je te passe devant et je t'entube.

Je me sentais vraiment tarte sous ma tignasse, mal à l'aise, godiche même après l'avoir retirée. Je n'ai pas vraiment apprécié ce groupe californien Breakestra qui devait nous retourner les oreilles et les jambes, ils étaient 6 musiciens dont un trompettiste et un saxophoniste qui faisait mal aux esgourdes, le chanteur avait une voix de Jamiroquaï qui ne décollait pas, bouffée par les instruments et quand la chanteuse noire est arrivée avec la sienne c'était comme si elle lui avait mis une raclée mais au bout 3 raclées mes tympans n'en pouvaient plus tellement elle gueulait, n'est pas Jocelyn Brown qui veut. Un empire pour entendre ce génial "somebody else's guy", surtout l'intro, 45 secondes avant qu'elle balance son tonitruant guyyyy, quel bonheur. Mais non à l'entracte dj aziz a balancé Lakeside Fantastic voyage, il me semble, suivi du din daa daa de George Kranz (n'importe quoi ,hors sujet) et les titres de M.Jackson comme une grosse tarte à la crème. Ecoeurant. Bon il était temps de se barrer. Le chauffeur de salle, Ben Johnson, ça ne s'invente pas, a été le meilleur point de la soirée, très en verve, très funky.

Mais qu'il était loin le funk de mes 20 ans, il n'était même là. Décidément tu es trop vieille.

ça se laisse écouter, sans + http://www.myspace.com/breakestra

george kranz / din daa daa http://www.youtube.com/watch?v=i4vXbscw7-8

vrai funk :

Jocelyn Brown / Somebody else's guy / à défaut de la version originale : http://www.deezer.com/en/#music/result/all/jocelyn%20brown




http://www.fandefunk.com/index.html et tous ses liens...

vendredi 13 novembre 2009

Synonymes de vieux : aîné, ancêtre, ganache, gâteux, grison, patriarche, vétéran, vieillard, vioque.







Il me semblait avoir régressé au-delà même des tout débuts de l'humanité sur l'échelle de l'évolution et ses réflexes ressemblaient de façon troublante à ceux d'un animal en captivité.

Les protagonistes sont soit un peu vieux et très sourd, soit très vieux et un peu sourd. Lodge avec son humour fin habituel s'est certainement parodié dans ce roman La vie en sourdine ( Ed. Payot & Rivages ), ancien prof de linguistique devenu sourd qui s'emmerde dans sa retraite. Contrairement à ses précédents romans le ton est moins caustique, un peu moins badin mais plus spirituel et sérieux. J'ai aimé l'atmosphère british, la construction de son roman à la manière d'un blog, ses railleries et surtout ses interrogations sur la vieillesse et la mort.

Le vieux doit être à la mode. Il y a eu tout le tintamarre autour de la sortie du dernier Roth, Exit la fantôme ( Ed. Gallimard ). Pour en avoir lu un extrait et différents critiques sur le sujet, je ne suis pas sûre qu'il soit à la hauteur de mon préféré précité. Comme le houspillait E.M.Williamson dans un n°(oublié) du magazine Transfuge - agacé d'un encensement immérité il le qualifiait en gros si ma mémoire est bonne d'égotiste faisant dans ses couches - je ne sais pas si l'incontinence a une quelconque influence sur le style d'un écrivain mais elle lui vaut en tout cas quelques lignes humoristiques pas franchement folichonnes.

Il existe des caleçons en plastique serrés par de puissants élastiques qui sont conçus pour les nageurs incontinents, et dont la publicité jure qu'ils sont imperméables. Mais lorsque après moult hésitations je finis par en commander un dans un catalogue d'accessoires de piscine et que j'en fis l'essai dans mon étang, je m'aperçus que, certes, le port d'une de ces grosses culottes blanches sous mon maillot atténuait le problème, mais qu'il ne le faisait pas disparaître au point de me libérer de toute appréhension. Plutôt que de prendre le risque de connaître l'embarras et d'offusquer les autres, je renonçai à l'habitude d'aller nager à la piscine de l'université en toute saison (avec une culotte sous mon maillot) et me contentai de continuer à jaunir occasionnellement les eaux de mon étang pendant les quelques mois de chaleur des Berkshires, et là, quelque soit le temps, je fais ma demi-heure de natation.

vendredi 6 novembre 2009

Sans voix.


Dante Desarthe devrait être mort - de honte - après avoir voulu filmer celle du cinéma dans son film (?) Je me fais rare. Les critiques disent de ce truc que c'est drôle, pour ma part au 1er comme au 2è, 3è, etc.. degré j'ai trouvé ça très français donc très très chiant. Le gars se filme avec la caméra de monsieur tout-le-monde, il se regarde le nombril et glose, il se croit drôle en ne se cadrant pas et en adoptant des plans fixes, en fait il est pathétique. Une scène montre le personnage principal passant devant le mK2. Celui près de la bnf.

J'ai arrêté le film, suis entrée au mK2 pour voir un film estampillé mK2 et j'ai choisi The Bubble d'Eytan Fox. Et ça m'a scotchée. Dernièrement les médias français faisaient tout un foin avec la sortie du livre Homo-ghetto de F. Chaumont. Si l'affirmation de son homosexualité est problématique ici en France, en banlieue imaginez ce qu'elle peut être en Palestine, qui plus est entre un palestinien et un israélien ? insoluble jusqu'à la mort. Une scène montre les personnages principaux assistant à une pièce de théâtre mettant en scène un prisonnier juif et un prisonnier homosexuel sous le régime nazi. La métaphore était éloquente. Je me suis faite la réflexion que quel qu'était le sujet un israélien mettait toujours sur le tapis la Shoah tel un virus inoculé de génération en génération et que ce poids devait être insupportable à vivre.

Alors j'ai pensé au Fuck America d'Edgar Hilsenrath, allemand d'origine juive né en 1926 qui a connu les ghettos, Israël, New York et à nouveau l'Allemagne. La quatrième de couverture présente son ouvrage, dans la lignée de Fante, Roth et Bukowski comme un témoignage étourdissant sur l'écrivain immigré crève-la-faim. J'ai choisi de le lire à cause de ces mots accrocheurs. Au début il utilise un humour corrosif pour dézinguer le mythe de l'Amérique prometteuse puis il glisse subrepticement sur la Shoah, toujours elle, et le sexe. Parce qu'il était mort il n'arrivait plus à bander, parce qu'il est vivant il inonde l'Amérique de son foutre. Il explique bien la dualité du survivant, qu'un juif rescapé restera toujours un juif de l'Holocauste, un juif mort.
Extrait de cynisme qui n'a rien à envier au film Amen de Costa-Gavras diffusé hier sur la 3 :
"Vous voyez, très cher Monsieur Bronsky, il est inutile de m'importuner, moi, Consul Général des Etats-Unis d'Amérique, avec d'autres lettres. D'ailleurs - entre nous soit dit - au fond, les gouvernements de tous les pays de cette planète se foutent royalement de savoir si vous vous faites massacrer ou non. Le problème juif leur casse les pieds, à vrai dire, personne ne veut se mouiller. En ce qui nous concerne, je veux dire, nous, le gouvernement, dont au titre de Consul Général je suis le représentant, je n'ai qu'une chose à vous dire : des bâtards juifs comme vous, nous en avons déjà suffisamment en Amérique. Ils encombrent nos universités et se ruent sur les plus hautes fonctions sans plus se gêner. Renvoyez-moi les formulaires de demande et veuillez attendre 13 ans. Au cas où votre prophétie sur les chambres à gaz et les pelotons d'exécution devait se révéler exacte, je vous conseillerais de faire votre testament dès maintenant et d'y formuler clairement le souhait d'immigration de la famille Bronsky de sorte qu'en 1952 - selon toute probabilité l'année de délivrance de vos visas en bonne et due forme - votre exécuteur testamentaire puisse expédier vos cendres aux Etats-Unis conformément à vos voeux."

Edgar Hilsenrath - Fuck America - Ed. Attila