mercredi 31 décembre 2008

(car c'est jadis déjà)



Un des avantages de la causerie en voiture, c'est qu'elle peut cesser quand on n'a plus rien à se dire, et cela sans embarras pour personne. Dans un salon, on n'a point cette liberté. La politesse vous fait un devoir de parler quand même, et on est souvent puni de cette hypocrisie innocente par le vide et l'ennui de ces conversations où les sots, même nés silencieux (il y en a), se travaillent et se détirent pour dire quelque chose et être aimables.

Barbey D'Aurevilly, Les Diaboliques, Le rideau cramoisi.

Les avantages de Saint-Sylvestre sont ses mets qui vous ferment la goule, ses champagnes qui vous détendent le gosier et font ressembler vos rictus à ceux d'échappés de l'asile et quand bien même vous persisteriez à causer il serait temps (car c'est jadis déjà) de lancer les cotillons et bonne année d'usage.
Quel bonheur que cette soirée sans conversation.

vendredi 19 décembre 2008

Des super promotions différentes toutes les heures.

OFFRES VALABLES UNIQUEMENT LE 23 DECEMBRE

La putain d'offre alléchante. Des bananes dès 8h.
Et tant qu'à faire les bouquins XO, Musso ou mieux le dernier Sardou,
les CD d'Alagna, Bénabar ou mieux de Patrick Fiori,
l' boudin, la dinde et la plante hideuse avec des trucs qui scintillent,
et, croiser les doigts, tomber sur un père Noël en promo guide de montagne à accrocher au balcon.

jeudi 18 décembre 2008

Jobi joba, le folklore dans ton cul.

Tel un troll de Noël, le gamin tirait un chariot bricolé dont les roues de guingois ne semblaient pas déranger le passager bariolé. Je passe en mode sépia et revoie cette magnifique photo aux couleurs irréelles brune et jaune mettant en scène ma jeune soeur dans un même engin, fagoté n'importe comment - tous d'ailleurs nous étions fagotés comme des pouilleux avec les fripes des autres - nous la promenions dans la cour du père Giraud, le tonton suralcoolisé, celui qui prêta ses traits à tous les imbibés de l'Assommoir, la sale brute, le sale cogneur. Les quatre, cinq caravanes sont installées à quelques mètres de nos appartements de banlieue. Cachées derrière les arbres, coincées entre l'enceinte d'une usine de peinture et le terrain vague, garées sur une bande d'humus, vivant dans la boue à l'abris de nos regards. Les abords sont maculés de merde qu'ils ont coulante et de vêtements éparpillés que les gosses sont allés chercher dans la benne de récolte. Ils grimpent sur le container, se glissent à l'intérieur et sortent tous les sacs pour s'habiller comme l'on ferait notre choix sur un marché. Vous le voyez avec son bonnet de clown aux couleurs du RCLens. Depuis trois mois, les fillettes charrient dans une poussette des bidons d'eau qu'elles pompent à la borne incendie tandis que les mères épluchent nos poubelles ou mendient avec leur bébé au supermarché d'à côté. Et les hommes, ils font quoi? Ils roulent à bicyclette ou voiture déglinguées. Le vieil homme costumé a l'habitude de sortir, son gros accordéon sur l'épaule, accompagné d'un très jeune adolescent flanqué lui aussi du même instrument. Ils sont élégants et habiles de leurs notes, espèrent que l'argent leur tombera du ciel, peu importe les étages. Les enfants jouent avec ce qu'ils trouvent, ils se sont marrés à se balancer les chrysanthèmes flétries entassées-là au bout du parking par des agents municipaux préposés à la fabrication du compost. Ils parlent fort, pas en français, ils hurlent comme si leurs voix avaient subi une modification génétique à force de vivre dans les coins bruyants de la ville. Peu après halloween, j'ai bourré mes poches de bonbons dans l'espoir d'en distribuer si d'aventure je les croisais. Les semaines ont passé, les poches encombrées incapable de me résigner à les vider. Et un mercredi, les voilà ces mioches, en bande, âgés de 3 à 7 ans environ et ils me tendent la main, me demandant "argent argent". Je n'ai que mon manteau et mes bonbons à partager. Ils sont contents, crient des tonitruants "bonbons bonbons" et me touchent de leurs mains sales attirés comme les pigeons par la bouffe. Il nous arrive de nous saluer quand nous nous croisons. "Bonjour". Ca n'arrache pas la gueule de dire "bonjour". Tout à l'heure, la petite gamine habillée bizarrement d'un pantalon, d'une robe et d'une tunique m'a chantée une chanson dans sa langue inconnue tout en exécutant d'exquis pas de danse. Et elle avait un sourire. éNORME. Et je lui ai rendu son sourire éNORME. Ca n'arrache pas non plus la gueule de sourire. J'en ai marre de voir l'autre échalas chanter son manouche sans guitare, ramasser les tunes après avoir appris à leurs côtés pour finalement s'entourer de mecs bcbg. Comme un manouche sans un dard.

vendredi 12 décembre 2008

L'art de la braderie.

Un triptyque de vulves. En duo, en solo. Cadres dorés, colorés. Carré, rectangle, ovale. Les filles créaient sous nos yeux, elles auraient pu s'exposer au salon Erotica Dream qui se tenait au même moment au grand palais de Lille mais elles ont préféré l'atelier temporaire de la Condition Publique qui ouvrait ses portes 24 heures non-stop pour sa 18è braderie de l'Art.

L'ancienne fabrique de conditionnement de la laine et des soies, réhabilitée en "manufacture culturelle" propose toute l'année expo, concerts, danse, théâtre, bals populaires... Ca bouge dans la ville de Vandierendonck.
De part et d'autre de la rue couverte, 2 salles accueillaient un pêle-mêle de 150 artistes. Du samedi 19h au dimanche 19h, des peintres, sculpteurs, designers, grapheurs, graphistes, bricoleux allaient créer en continu et exhaler sueur, vernis, aérosols, peinture, odeurs de soupe dans un bordel indescriptible de déchets triturés, dépécés, soudés, cousus, collés et destinés à la transfiguration artistique accessibles pour 250 euros maximum.

La faune acheteuse était aussi bigarrée que les exposants. Crados, bobos, bourgeois, fauchés. Je suis repartie sans rien mais avec des sensations quand même.

http://www.labraderiedelart.com/
http://www.wikio.fr/news/Ren%C3%A9+Vandierendonck