mardi 30 mars 2010

“En pashtou et en persan, forêt se dit djangal” écrit Wali. “L’éradication de la jungle par le ministre Eric Besson ne changera rien au problème.

On ne fait que le déplacer une fois de plus."

Oh encore un témoignage comme on en a déjà vu à la télé, j'ai déjà vu Welcome, je n'étais pas très attirée, salement blasée ? bassement indifférente ? mais, lis quand même les premières pages et tu verras bien. J'ai eu raison de voir. J'ai avalé le récit en un week-end, happée par le témoignage de Wali Mohammadi qui nous a emmené par la main dans son périple et qui surtout nous a embarqué dans sa tête, celle d'un ado de 14-15 ans. Impossible de ne pas faire le rapprochement avec la vie que mènent nos collégiens... Imagine-t-on un instant ce qu'est cette vie-là ? voir périr ses frères sous les roquettes des insurgés qui tirent au jugé, voir son père emmené par les talibans et le savoir mort sous la torture, avoir à se cacher, avoir peur d'être raflé par les barbus pédophiles qui font leur marché à la sortie de l'école, avoir subi la torture, avoir à s'exiler et travailler à de petits métiers, avoir à cacher sa nationalité pour éviter le racisme iranien, à voir un homme exploser sur une mine, avoir à nouveau l'espoir, retourner dans son pays et voir sa mère déchiquetée le jour du marché à cause de la folie meurtrière de terroristes, avoir à abandonner provisoirement son frère orphelin pour trouver la vie chez nous en Occident, avoir à échapper au PKK, avoir à affronter les passeurs, avoir à franchir des montagnes à pieds, avoir peur, avoir à prendre des risques insensés, avoir à faire confiance, avoir à rester sur ses gardes, avoir à constamment réfléchir, avoir à affronter les violences policières, les français sont bien placés en la matière, avoir à s'intégrer. Alors à voir tous ces glandeurs à la sortie de nos collèges, je me dis, même si c'est enfoncer une porte ouverte, que notre monde ne tourne vraiment pas rond, que pendant que ces collégiens étudient le Bildungsroman du 18è-19è siècle, d'autres expérimentent les épreuves par la force des choses, que ces obstacles-là sont bien réels et que la vision qu'il se fera de la vie ne sera plus jamais la même.

" Parfois, je ne suis pas bien du tout. Kaboul, Téhéran, Istanbul, Calais, Londres... Mon père, la torture, les talibans ; ma mère, l'explosion, les corps à l'hôpital... Mustapha à Kaboul, Fahima à Londres... Tout défile dans ma tête, cela tourne, cela devient obsédant, je fais des cauchemars, me réveille en sueurs, la nuit... (p.186)

Je fais beaucoup de cauchemars comme tous les Afghans, et comme tous ceux qui ont connu des guerres. Parfois je dois me pincer pour me sentir vivant et croire en ma nouvelle vie. Je me demande si tout cela a un sens, si l'on peut laisser derrière soi son pays, ses racines, le souvenir de ses morts. Alors une vie banale pour moi qui rêvais de reconstruire mon pays ? J'espère qu'avant de m'enfoncer dans ce genre de petite vie confortable, j'aurai au moins essayé quelque chose de plus ambitieux. (...) Calais, septembre 2009 (Dernière page 237)"

De Kaboul à Calais L'incroyable périple d'un jeune Afghan, Wali Mohammadi Un récit de Geoffroy Deffrennes / Ed. Robert Laffont 2009


Aujourd'hui le ministre de l'immigration et de l'identité nationale présente au conseil des ministres son projet de loi relatif à l'entrée et au séjour des étrangers.
http://www.mediapart.fr/club/blog/terra-nova/310310/projet-de-loi-besson-limagination-au-service-de-la-repression

jeudi 25 mars 2010

Printemps des nouilles.

Ca existe pas encore cette fête de printemps ? Le printemps des nouilles.
La même agitation qu'à la première alerte régnait dans le poste central. Le Radio avait quitté son poste et serrait un revolver dans sa main.
"Une attaque ! criait-il, un Catalina ! ".
Koszalin manoeuvrait comme s'il eût pu à lui seul diriger le bâtiment. " Cette fois, c'est la bonne ", confia-t-il à Müller venu s'asseoir à ses côtés.
Le bateau s'inclina sur son axe, le kiosque fendit l'eau grise juste au-dessous de l'hydravion; le bruit puissant des moteurs perça nos oreilles et disparut dans la volte
La libellule

La libellule
est funambule
elle circule
de renoncule en campanule

La libellule
est funambule
et manipule
des pédoncules
des ombellules (...) Roland Marx in Au bois charmant / collectif Le Printemps des Poètes

Poil au cucul.

Je suis là en plein passage prenant en plein milieu de l'océan embarquée sur le sous-marin nucléaire U-Boot * en pleine seconde guerre mondiale et v'la t'y pas que leur saloperie de marque-page imprimé de poésie niaise fout en l'air l'instant dramatique. J'en veux pas de leur poésie, surtout de cet acabit.

* Robert Alexis / U-Boot Ed. José Corti

Et comme si ça suffisait pas, comme un mouton à la con que je suis, je suis l'avis des 3 autres guignols - soit disant critiques de cinéma - qui officient le vendredi sur Canal. +++ Vous allez voir, grosse poilade. Et comme une grosse poilade ça donne toujours envie, alors tu suis, c'est pas cher, Printemps du Cinéma !, va pour Les chèvres du Pentagone. Grosse bouse. Rattrappée par le charmant Bus Palladium, pas extraordinaire, très gentiment caricatural, on n'y croit pas trop au Jim Morrison allegé mais bon Marc-André Grondin est vraiment bon.

jeudi 18 mars 2010

C'est ça // Tell me something good.

C'est ça. " Tour à tour hyperréaliste, loufoque, lyrique, émouvant, c'est le portrait de famille d'une Amérique qui s'auto-analyse sans complaisance, et sans jamais se départir d'un humour vital." Très drôle un papa Friedrich psy qui fait bouffer de l'herbe du diable ramenée de chez une tribu cannibale de Knock-les-oies pour soigner un déprimé psychopathe hyper intelligent - Casper - qui à la fin du traitement zigouille la consoeur psy, et aussi, peut-être, le doute plannnnnnnne, le dernier rejeton de papa psy; du coup, la femme du papa psy déprime, la famille se casse alors dans un ailleurs où l'herbe est plus verte mais.................... Casper réussit à s'enfuir de son asile, il est aussi doué que le Michael de Prison Break et....................................


La suite dans le roman qui se lit comme un film;
Le remède et le poison de Dirk Wittenborn / Ed. Seuil


Ce que j'en ai ma claque. J'aimerais tant qu'on tell me something good.

mardi 16 mars 2010

Intégriste torché. / Shout about it - Lamont Dozier

Pour la énième fois je vais citer Eric Miles Williamson, dernier des Mohicans de la tribu Gonzo. A force de faire son Bukowski il énerve un peu mais bon c'est le propre des alcoolos d'emmerder le monde. Et les coups d'éclats même biturés ça passe mieux si c'est pour la bonne cause. Quel pied il a dû prendre l'animal à venir foutre le bordel chez les prouts. Quel pied.


"Au lieu de me faire serrer la pince par qui que ce soit, j'ai foncé sur la bibliothèque. A peu près 10 romans de Jackie Collins. Toute une étagère de Stephen King. Tom Clancy. Des piles de science - fiction, romans à l'eau de rose, ouvrages de développement personnel. La collection complète des romans de Harry Potter, le dos des livres abîmés, parce qu'on les avait lus et relus à maintes reprises. "Qu'est-ce-que c'est que ce bordel ? j'ai dit. Quel genre d'abruti peut bien lire ces grosses merdes ?" Les invités m'ont regardé. J'ai sorti les flasques à whisky que j'avais en poche et je me suis envoyé une rasade. "Faut que je chie", j'ai annoncé. Je suis allé dans le couloir, mais les toilettes étaient occupées : il y en avait un autre qui chiait. J'ai trouvé la chambre principale et ses chiottes adjacentes. Sur le réservoir des chiottes, il y avait les 4 Twilight de Stephenie Meyer bien empilés. Sur le mur, il y avait un poster de Robert Pattinson, allongé sur le dos et en train de faire les yeux doux. Sur l'autre mur, Taylor Lautner ne portait pas de chemise et faisait bien gonfler ses abdos (...) Allégé de ma propre merde mais vaincu par l'obscénité et la puanteur de la merde de Stephenie Meyer j'ai arraché les posters dse murs, ramassé la pile de bouquins et je suis retourné dans le salon. "Oh les gars ! j'ai dit. J'ai trouvé les trucs de cul ! " Et c'est là que j'ai déchiré les posters en 1000 morceaux. J'ai balancé les bouquins sur les nanas qui se trouvaient là. La maitresse de maison s'est pris Tentation en pleine tronche, ce qui a eu pour effet de péter ses lunettes branchées."



Transfuge # 36 / Chronique Je plaide coupable.









lundi 8 mars 2010

"Dans une galaxie très vachement loin, (...)" [Mtume - So you wanna be a star]


27 ans après je ne comprends toujours pas ce garçon que je trouvais très puéril et je ne comprends toujours pas son enthousiasme, surtout après avoir vu ce fameux épisode, Le retour du Jedi. C'était vraiment assommant. Le film met des plombes à commencer, le gros blurb vert est ridicule, les bisounours, oh!, super mignons ! on se croirait dans un cartoon. C'est pas sérieux. Et pourtant dès le premier épisode, j'étais devenue accro... mais ce dernier, 3è de la première trilogie, vraiment, non.

Je sais, je suis une attardée. Je n'avais jamais vu un seul épisode de Star Wars. Je n'en avais jamais eu envie. Vraiment non. Pas après avoir vu la danse de ce garçon très puéril, Frédéric Labbe ou un nom dans le genre, passablement enrobé, pas très mûr mais gentil. Je me demandais ce qu'il fichait en haut des marches. Quand il m'a vue arriver, il s'est mis à fredonner le célèbre refrain du film et a feint devant moi un combat au laser. Débile, je pensais. Qu'est-ce-que tu fais ? C'est le retour du Jedi ! Tu connais pas Star Wars ??? Ben non. Et non, jusqu'à ce que M6 diffuse les épisodes dans l'ordre chronologique. Avec une nette préférence pour les réalisations de George Lucas.

Je concluerais avec l'article méchamment drôle de François Forestier paru dans le Télé Nouvel Obs du 13 au 19 février au sujet de l'épisode IV mais valable pour tous les épisodes. Avec une vraie mauvaise foi assumée.

Donc :
Dans une galaxie très vachement loin, il y a un gamin, Luke, qui est sympa, agréable, bien propre, scout toujours et blond. Il n'écoute même pas de rap, c'est dire... Il vit à la campagne, s'habille de toile de lin tissée main et contemple le ciel, qui est très très vachement grand. Il est sous contrat avec la 20th Century Fox, qui lui donne l'ordre de partir là-bas et de sauver une princesse coiffée avec deux rollmops, mais voilà... Il y a un superméchant, un teigneux de l'espace, un gars aussi caractériel que Michel Charasse et aussi noir que la conscience de Villepin est blanche ( vous suivez ?). On reconnaît le Big Salaud à son casque de samouraï et à sa cape d'opéra. C'est un dingue, quoi ! Il se nomme Dark Vador ( pseudonyme de Nikolaï Charkogi, mais bon, c'est dur à prononcer), on le connaît partout même au Lichtenstein et au théâtre de marionnettes de jardin du Louvre. Par chance, Luke est aidé par Yan Solo, un cow-boy qui s'est trompé de film, et par 2 robots sympas, fabriqués avec du papier chocolat et des agrafes médicales [ n'importe quoi ! on voit bien que R2D2 a été fabriqué avec un aspirateur Rowenta ! ]. Il y a une super grosse baston à la fin et Luke déglingue l' Etoile noire, où les méchants tiennent leur assemblée générale. Tout finit bien, sauf qu'on s'aperçoit que c'est le 4è épisode alors qu'on croyait que c'était le 1er. Bref, tout ça est vachement très très compliqué.

jeudi 4 mars 2010

Une madone pour le jour de la dinde. (N° 7) [ là ]

La première nouvelle - Il est 6 h du mat. Tu sais où tu es ? - et la dernière - Le dernier célibataire - parlent de mecs drogués. L'un parce que sa nana l'a quitté, l'autre parce qu'il va se marier. La première date de 1982, la dernière de 2008. Que déduire de l'évolution masculine ?

La faune de Jay McInerney oscille entre les drogués, les riches, les déglingués et les cocu(e)s ou les 4 à la fois. Il lui arrive d'être drôle, parfois cynique, clinicien toujours. Un portrait de l' Amérique peu reluisant.

Au restau. Thanksgiving en famille.
Philomena. Nouvelle 3.

- Je n'avais pas vraiment besoin de voir le campus, mais je lui ai répondu que j'adorerais qu'il m'emmène dans un endroit où l'on pourrait discuter. C'est comme ça que nous avons fini dans la Buick de son camarade de chambre. Et bien sûr, après les mots sont venus les baisers. Je trouvais qu'il embrassait divinement et, au bout de 10', je me suis rendue compte qu'il souffrait épouvantablement et alors, bien sûr, je me suis demandée comment le soulager. C'était la moindre des choses.
- Lillie !
- Et le pauvre amour était si reconnaissant qu'il a demandé ma main dans la foulée, cette nuit-là, à l'arrière de la Buick.
- Quoi ? bredouille Brooke. Tu lui a fait une pipe ?
- Jeune fille !
- Oh, dit maman. Tu sais, j'ai fait ça à la main.

Jay McInerney / Moi tout craché Ed. de l'Olivier.




mardi 2 mars 2010

Chopin party. Cliquer là.

- Pourquoi tu fais cette tête ?
- Rien. Je ne fais rien.
Il a mis un temps infini à venir me voir. Avec sa tête de mécontent il a embrassé rapidement ma joue, évitant soigneusement les lèvres que je lui tendais. Puis les mots au dîner.
Il m'avait dit que je pouvais bien écrire ce que je voulais sur ce fichu blog, qu'il n'en avait cure, que cela ne l'intéressait pas. Je doute - encore - de sa parole. Il ne savait pas qu'il y avait eu un Sean Penn avant lui. C'est mon histoire. Ma belle histoire que j'ai laissée en suspens, à jamais calée sur le mode pause du radio-cassette. Ce n'était pas la vie et son ordinaire. C'était l'insouciance. Bien avant que je ne souris aux statues de Rodin qui se prenaient la tête.
J'approche des 40 ans et maintenant c'est à mon tour de me prendre la tête. Revivre ses 15 ans et ses 20 ans aussi.
Il m'a laissée seule et j'ai fini la soirée avec Chopin. Merci Arte !

lundi 1 mars 2010

Ghost Party.

Outrages.
Parce que c'était un film de Brian de Palma.
Parce que je voulais voir un fim de guerre.
J'ai bloqué sur Sean Penn, sur son personnage de méchant. J'avais oublié qu'il lui ressemblait tant à l'époque. Il est resté si jeune dans mes souvenirs. Si attirant. Je fais un tranfert, je ne parviens pas à détester le personnage, brute, fou et violeur. Je fais abstraction de l'histoire et ne retiens que l'image de ce visage. Que le souvenir de son visage. A peine effleuré des lèvres.