jeudi 28 janvier 2010

"Broken glass everywhere / People pissing on the stairs, you know they just don't care / I can't take the smell, I can't take the noise no more..."

Grandmaster Flash & Furious Five / The message. En toute assurance : GMF

Sa vie est facinante, sa contribution à la musique, enfin au djing incroyable [ prosternes-toi satané David Guetta et couvres-toi de cache-oreilles rose fluo pour avoir osé infliger tes merdes à notre cortex; dans ses clips il passe son temps à lever les bras et sourire comme un con, à se demander avec quelle partie de son corps il joue de la platine ]
et pourtant il n'a fait l'objet d'aucun biopic alors que le truc sur Dylan, franchement, on aurait pu s'en passer.

Avec toutes les infos (vraies ou fausses ) récoltées sur Wikipedia, Jango, Muziq, Vibrations sound, je vois déjà le film.

# Le petit Joseph Saddler, barbadien d'origine, contemple dans les chiottes la collection de disques phénoménale de son père ("His father was a big fan of Caribbean and black American records" / Wikipedia.org) à qui il devra forcément sa future vocation et à sa mère aussi qui l'aura poussé à faire des études d'électronique...

# Fin des années 70, on aurait un zoom sur le Bronx où il a grandi et des rappers encore underground avant que le hip hop ne se pervertisse et tombe entre les mains de personnes soucieuses de s'en mettre plein les fouilles telle Sylvia Robinson, ex-chanteuse reconvertie dans les affaires, future patronne du label Sugar Hill. Elle créera un boys band de rap, Sugarhill Gang avec un pizzaiolo (Big Bang Hank) et 2 amis d'école de son fils et les fera enregistrer "Rappers's delight" construit sur le "Good Times" de Chic sans qu'aucuns royalties ne soient versés à l'époque ( Vibrations sound - n°117) . Même si elle contribué à faire connaître au monde entier ce style de musique - version très édulcorée - et encore confidentielle, la nana usait déjà de procédés pas très louables... que GMF dévoilera d'ailleurs + tard.

# On verrait les dj Pete Jones, Kool Herc et Grandmaster Flowers qui l'auront influencé. Kool Herc calerait les disques à la main en visant le break. GMF explique d'ailleurs le procédé dans une interview (Muziq n°19), un vrai poème : "Si tu regardes un disque vynil sous un rayon de lumière, tu vois l'emplacement qui existe entre le sillon. Là où le groupe tout entier joue, la surface du disque est sombre. Là où tu as juste le batteur ou le bassiste, le disque est clair, brillant et c'est là que se trouve le break. c'est une bonne méthode pour savoir où poser ton diamant. Avant la pré-écoute, c'était la seule solution. Il y a aussi le système des étiquettes que tu colles à tel ou tel endroit pour te repérer sur le disque."

# Puis, lui ado lancé dans des bidouillages de machines (merci maman pour les études d'électronique) et ses premières soirées dans lesquelles il aurait testé ses techniques : "A un moment je me suis dit que j'étais au point et qu'il fallait que je sorte de ma piaule, mais personne n'a rien compris. Les mecs ne dansaient pas, ils pensaient que je ruinais les disques... J'étais dégoûté. J'ai pensé que je m'étais complètement planté." (Muziq n°19)

Ado, il se lance donc dans des bidouillages dans sa chambre et se crée le cue ( la pré-écoute ) "en faisant passer des câbles de sa platine dans une sorte de transistor placé avant la table, avec un interrupteur des 2 côtés, droit et gauche." (Musiq n°19) rendant ainsi ses mix précis. Wikipedia parle de backspin technique, punch phrasing et de scratching attribué généralement au Grand Wizard Theodore; alors qu'il n'y connaissait rien GMF lui a appris à manipuler les disques + 2/3 trucs... ( Musiq n°19)

# On aurait l'explication de son nom, Grandmaster Flash. La légende serait faite et les images spectaculaires. Grand Maître parce que son habilité serait si époustouflante qu'il réussirait à "changer de disques avec les pieds, les mains derrière le dos" (Wikipedia.fr) et rapide comme l'éclair, Flash !

La légende serait faite aussi autour du nom "hip hop". J'adore la version Wikipedia.en. Son pote, Cowboy aurait inventé le terme pour se moquer d'un ami aux ordres tout frais de l'US Army en mimant la cadence de la marche militaire "hip hop hip hop". Génial.

On le verrait officier dans des soirées et travailler avec Kurtis Blow et Lovebug Starski.

# Puis la formation du groupe dans le milieu des années 70. Avec Cowboy ( Keith Wiggins ), Melle Mel ( Melvin Glover ) et Kid Creole ( Nathaniel Glover) : Grandmaster Flash and the 3 MCs. Additionné + tard de Rahiem ( Guy Todd Williams ) et de Scorpio (Eddie Morris ou Mr Ness ) pour former le Grandmaster Flash and the Furious Five. En 79, ils sortiraient leur premier single "Supperrappin'" (Enjoy Records) puis signeraient chez Sugar Hills Records, feraient des tournées, Freedom deviendrait disque d'or, suivrait The Adventures of Grandmaster Flash on the Wheels of Steels en 1981 et The Message en 1983. GMF pensait que ce morceau ne marcherait jamais à cause des thèmes abordés, toujours dans Musiq n°19, il rapporte combien ce titre l'avait dérangé : " C'était quelque chose qu'on n'avait pas choisi de faire, dont je n'avais pas l'habitude, parce qu'à l'époque, le truc énorme c'était le "party rap". Je ne me voyais pas faire un truc à propos de la cité, des mecs qui pissent dans les escaliers. Je pensais qu'on allait dans le mur, que ça ne sortirait pas du Bronx." !!!


Non seulement ça a super bien marché et tellement bien marché qu'au moment où il a fallu verser des pépettes, l'embrouille, la trahison pointèrent leur nez. Au dépens des autres membres du groupe, Melle Mel aurait tiré la couverture rien que pour lui. C'est pas bien de faire des doigts d'honneur. Hou ! Et par la suite la gentille Sylvia Robinson se serait bien gardée de verser des droits sur cette chanson... Le bec dans l'eau, GMF, macache ! Entubé royalement.

# Finalement en 2007, GMF & The Furious Five est le premier groupe de rap à faire son entrée au Rock n'Roll Hall of Fame.

En 2008, il revient avec "The Bridge", "ce disque est le miroir de tout ce que j'ai vu. J'ai beaucoup voyagé ces 20 dernières années, vu du rap sur la terre entière. J'ai réuni toutes mes influences, uni les MC's venant des 4 coins du globe, fait se rejoindre le passé et le présent." (Vibrations n°112).


C'est pas une belle fin ça, un bel happy end à l'américaine.

Toutes modifications ou précisions circonstanciées sont bienvenues.



http://www.grandmasterflash.com/

http://www.youtube.com/watch?v=nxaeDjkPwW4 Lovebug Starski / Positive Life Instru.

http://www.youtube.com/watch?v=7-tXlivN6R4 Grandmaster Flash / Turnablism














































































vendredi 22 janvier 2010

Soit ils en chient toute leur vie, soit ... j'en sais rien.

Comment les gens normaux font-ils pour vivre avec toutes les erreurs qu'ils ont commises ?
Richard Lange - Dead Boys nouvelles
Et si une fois assise sur le siège avant, une BMW, il avait roulé loin dans la nuit...
Et si j'avais dit oui à son invitation...
Et si je l'avais choisi, lui...
Il me manque.

mardi 19 janvier 2010

Charognard / animal qui se nourrit de charognes. Charogne / corps d'un animal mort et déjà en putréfaction.

Fam., Individu immonde.
Journal de 20h, Playmobil Pujadas est aux commandes. Haïti, le sujet à éplucher comme une pomme.

Aéroport, tentative de polémique autour de la suprématie américaine, du drapeau américain hissé. Les décombres. La population blessée et démunie. L'aide internationale désorganisée. La prison sans barreaux. Des hommes sur un tas de gravats, machette en main. (Oh le beau raccourcis.) La population affamée. La population en divagation, mains jointes au ciel vers Dieu. Les survivants. Gros plan sur la tête d'une femme vivante encastrée dans le béton. Les morts, avec ou sans linceul, avec ou sans cercueil. Un immense tas de morts devenus impersonnels.

Alors touche Maryse Burgot au phrasé insupportable et au pathos pataud et dégoulinant. Mission : rogner le trogon. Mettre l'accent sur un cas particulier. Un enfant, c'est bien un enfant. Gravement blessé, encore mieux. Et le gros plan sur son crâne ensanglanté, cameraman ? tu l'as bien cadré ? Il va mourir.

Des secours français, pas d'ambulance ! il va mourir; le suspense monte d'un cran... mais grâ-ce-au-vé-hi-cu-le-de-l'é-qui-pe-de-Maryse (elle devait être bègue, s'est soignée avec des cours de diction de bègue et maintenant elle s'exprime comme si ses auditeurs étaient tous des demeurés) l'enfant a pu rejoindre un hôpital et être enfin soigné.

Ca pue la charogne toute cette instrumentalisation du malheur.

Playmobil en remet une couche. Alors qu'il interroge un autre correspondant, il lui demande à brûle-pourpoint s'il peut nous en dire plus sur un supposé incident qui aurait touché les américains. Un ange passe. Le gars n'est pas au courant.

Playmobil enchaîne et montre du doigt un paquebot de croisière avec pleins de riches américains qui se sont baignés sur une belle plage haïtienne à 100 km de Port-au-Prince. Et alors ? Est-ce-qu'il fait de l'information en nous balançant ça ? Cherche-t-il à travers eux à nous culpabiliser ? Est-ce son rôle ? Pense-t-il que nous sommes tous des gros cons insensibles ?

vendredi 15 janvier 2010

TKO

Merde, qu'est-ce qu'ils ont tous à mourir ?
Pourquoi leur disparition m'émeut tant si ce n'est plus... Pourquoi plus que tous ces milliers de Haïtiens. Bizarre la nature humaine.



Kleeer / Get tough
http://www.youtube.com/watch?v=5D3kHkXGJJs

Teddy Pendergrass / Love TKO
http://www.youtube.com/watch?v=rV9VuPkllv4

Décidément je ne serai jamais élégante.

Limite scatologique, et ça me fait rire, fou-rire même à imaginer la scène que certains ne manqueront pas de reproduire.

Dernier extrait, après je rends le bouquin à la bibli., p284.


"J'ai essayé de consommer de l'alcool par le rectum. C'est l'équivalent pour le dipsomane du shoot pour le junky. La porosité des parois rectales et leur proximité avec le système digestif rendent l'ivresse instantanée et infiniment spirituelle. Le flash d'ébriété qui déferle doit être comparable à ce que l'on ressent en cas d'embryofoetopathie alcoolique.
- Tu es ivre ?
- Ouais, mec, complètement arraché, répondit Lars. Tu en veux un? J'ai vodka, gin et un malt vraiment très agréable dans la bagnole.
La proposition était tentante, mais je me souvins que je devais jouer le soir même - et, en outre, retirer un tampon d'un anus déshydraté nécessitait l'usage de gants en caoutchouc, de lubrifiants parfumés, de pincettes et d'un seuil à la douleur assez élevé."

Paul Beatty / Slumberland / Seuil

mercredi 13 janvier 2010

Un jour peut-être, on sera enfin noir.

2è extrait, p 138

"J'allumai le sampler et déposai calmement le saphir sur le disque. La première secousse sourde de mon beat presque parfait s'enfonça dans la poitrine de Lars. Lorsque le gimmick arriva, ce fut comme si Docteur Funkenstein avait branché sa moelle épinière sur un marteau en caoutchouc. Les réflexes reptiliens prirent la relève. Les aigus croustillants lui firent bouger la nuque d'avant en arrière. Le martèlement des basses lui fit descendre le cul à mi-chemin du sol, ses épaules roulèrent et son bassin se métamorphosa en gyroscope d'une sensualité digne d'une séance de baise. Entretemps, ses mains en pronation planèrent devant son torse comme celles d'une momie et surfèrent sur les médiums. J'achevai mon groove et Lars se mordit la lèvre inférieure. Je sus ce qu'il voulait dire. Il voulait dire : "Bon sang, Négro, alors c'est ça que ça fait d'être noir.""

Paul Beatty / Slumberland / Seuil

lundi 11 janvier 2010

"Bloquez votre radio et jetez le bouton." Jetez le bouton, jetez le bouton, jetez le bouton...


Un jingle radio pour un livre, rien que pour ce livre.

Alors lui, c'est ma première pépite littéraire de l'année. Un skeud si c'était une galette. Un scud sans aucun doute. Comme on ferme les yeux au solo de saxo d'Is it the future ? des Fatback, comme on laisse traîner son chant sur otherrrrrrrrrrrr de let's celebrate de Skyy et assène plus tard un énorme come DOWN tout en bougeant le bassin n'importe comment puis tournoie en faisant l'avion, comme on entonne un régressif nanananananana stone love de Kashif (très important le nombre de syllabes chantées sinon on est hors rythme) ou encore ou encore comme des centaines d'exemples. Peut-être comme ces vieilles gouines qui ne s'assument pas mais entrent en transe en écoutant Michel Sardou. Ou comme cet officier pédé qui ne s'assumait pas non plus mais entrait en transe en écoutant Dalida. Ou comme le moustachu fumant comme un pompier qui assume ses gitanes maïs et entre en transe en écoutant Johnny. Misère. Impossible. Ce livre ne s'adresse pas à ces auditeurs-là.

"Je cherchais le beat parfait, la confluence de la mélodie et du groove qui transcende l'humeur et le temps. (...) Un beat intemporel promis cependant à ne jamais devenir un "oldie but goodie" pour demeurer frais comme du pain à la française. La Joconde sonique."

Ferguson Sowell est DJ Darky, un maniaque du son, celui de la vie de tous les jours, celui du groove et surtout celui du jazzman Charles Stone alias "le Schwa", le meilleur de sa génération qu'il recherche à Berlin pour parfaire son projet fou, sortir le beat parfait.

Ecrit comme ça, le pitch a l'air naze. L'histoire est un peu naze mais cet auteur, Paul Beatty a un sacré style. Sarcastique avec la communauté noire dont il est issu. Ironique avec les Teutons et très très drôle. Il joue avec les mots comme un crooner avec l'amour.
Il a déjà écrit 5 bouquins et Slumberland est le 1er traduit en France. Qu'est-ce qu'ils attendent au Seuil pour sortir les autres ?

1er extrait, p127.
"Le halètement canin du leitmotiv d' Atomic dog de George Clinton bondit prestement dans la salle, me forçant à me relever de mon siège. (...) De là nous nous métamorphosâmes et nous transformâmes, enchaînant les poses funkifiées. Le funk et rien que le funk nous rétamant comme un fer à repasser bien chaud. (...) Aplatis contre les murs, les membres levés et tordus en des angles improbables, très-aigus et pas-si-graves, nous ressemblions à des silhouettes dansantes sur un antique vase babylonien."


Paul Beatty / Slumberland / Fiction & Cie Seuil

jeudi 7 janvier 2010

Bonne Année, c'est vite dit.

Alors, il était bien ce réveillon ? Oh ouais, super top.
En fait, 5 sur l'échelle Richter de l'ennui. S'il est à l'aune de l'année à venir, alors 2010 sera super casse-bonbons.
- Ben alors, t'as fais péter la robe ?! me dit-elle en dégainant une tronche de boxer en colère obligé par mémère d'enfiler sa fouffe de promenade.
- Ben ouais, le 31 je me mets sur mon 31.
- Mais... mais... mais, on est à la campagne et il fait froid ! me dit-elle affublée de son gros jean, de son col roulé et de sa colère-rancoeur-jalousie mal rentrée.
Le 31 décembre, parce que tu te trouves à la campagne, tu dois t'habiller comme une pouque ( mot argotique normand désignant un vieux sac à patates moche et pourri.) et, accessoirement faire la gueule. Pas de ma faute si t'es moche. Mais poliment je me garde mes réflexions, je sens que ce réveillon va être merdique.
Oh la belle musique planante d'ambiance. Hum, on va s'amuser. Chacun devait amener sa clé de notes, mp3, compils, cd. Ma musique est trop pointue, trop ringarde, pas du tout psychédélique, ni pop, ni rock, trop funk et trop disco. Gros flop. Sont restés la tête dans le cul sur la chaise. Et puis chut, le petit dort. Manquait plus que ça. A minuit, les cotillons me sont restés légèrement coincés dans la gorge. Madame Pouque, les bras croisés, a lancé son habituel "j'aime pas les cotillons, c'est bête." Si tu en as reçu sur le coin de la tempe, je n'ai pas fait exprès. Comprends pas, on loue des gîtes pour qu'entre amis on fasse la bamboula, comme d'habitude, et boive un peu-beaucoup sans avoir à se préoccuper du retour, et au final on se poile autant que des tétraplégiques sous somnifères. J'aurais mieux fait de regarder Scoubidou.